Les journalistes ont-ils lu Socrate ?

JournalisteUn récent sondage a montré que 77 % des français ne font plus confiance aux médias (source OJIM). Cela est-il vraiment surprenant ?

Un débat houleux

J’ai assisté il y a quelques années à un débat houleux, dans un journal de province, entre quelques vieux journalistes, épris de déontologie et soucieux de vérité et un groupe de jeunes journalistes pour qui ne comptait que le nombre de lecteurs qu’ils pouvaient apporter au journal.

- On ne peut pas écrire cela sur Untel, disaient les vieux,
- Mais si ça fait augmenter le tirage, rétorquaient les jeunes

Je crois bien que les jeunes ont gagné qui cherchent toujours à appuyer là où ça fait mal, qui n’hésitent pas à sortir une phrase de son contexte pour flatter les plus bas instincts des lecteurs avides de sensationnel, qui font et défont des réputations et qui ont oublié la nécessité, pour vivre en collectivité, du respect de l’autre.

Ainsi, on nous assène chaque jour de prétendus scoops, rarement vérifiés, que l’on n’hésite pas à démentir sans le moindre complexe le jour suivant ; peu importe, le mal est fait… Et il en restera toujours quelque chose !

Ainsi, on fait courir des rumeurs, peu ou pas fondées, sans se soucier des dégâts qu’elles peuvent causer…

Ainsi, on nous concocte des journaux télévisés dont les dix ou quinze premières minutes (30 à 50 % du journal) sont exclusivement consacrées à des faits divers, sordides si possible, avec, les grands jours, moult cadavres encore chauds exposés à la vue de tous… Et tant pis si les enfants ne sont pas encore couchés !

Beaucoup de journalistes ont pris l’habitude de diffuser des informations sans les vérifier – l’important est d’être le plus rapide, pas le meilleur – et surtout sans exercer le moindre esprit critique, ce qui était et devrait être encore le fondement même de leur métier.

Certains même usent sans complexes des (puissants) outils mis à leur disposition pour diffuser leur vérité, quand ce n’est pas leur idéologie, en oubliant ce qui a fait la force de leurs grands anciens : L’objectivité et la déontologie.

Retour aux fondamentaux

SocrateC’est à se demander si ces journalistes ont déjà lu Socrate :

Quelqu’un vint un jour trouver le grand philosophe et lui dit :

- Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ?
- Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j’aimerais te faire passer le test des 3 passoires.
- Les 3 passoires ?
- Mais oui, reprit Socrate. Avant de me raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l’on aimerait dire. C’est ce que j’appelle le test des 3 passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ?
- Non. J’en ai simplement entendu parler…
- Très bien. Tu ne sais donc pas si c’est la vérité. Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est ce quelque chose de bon ?
- Ah non ! Au contraire.
- Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es même pas certain qu’elles sont vraies. Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l’utilité. Est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?
- Non. Pas vraiment.
- Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?
(Extrait des « Histoires magiques » de Christian Godefroy)

Qui est responsable ?

Certains diront que nous (le Peuple) n’avons pas la sagesse de Socrate et que c’est bien nous qui sommes friands et demandeurs de sensationnel – rien n’aurait changé depuis les jeux du cirque – Mais pourquoi les journalistes, qui pourraient avoir pour vocation de nous aider à nous élever, tombent-ils si facilement dans le piège que nous leur tendons ?

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Les journalistes créent de la morosité !

ou

Les journalistes ne font que leur métier !

 

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